Josette n’est pas une starlette. Georges n’est pas un superhéros, même s’il exerce la profession de maître-nageur-sauveteur.
Ces deux-là vont se rencontrer, s’apprécier, fonder une famille nombreuse. Et la vie passe, avec « son cortège de scarlatines, dents perdues, bras cassés… mais aussi de fous rires, de cavalcades, de câlins et de gâteaux d’anniversaire ». Il y a les coups de canif dans le contrat, la vaisselle qui vole, les hauts et les bas. Et puis un jour, Georges tire sa révérence…
Une histoire d’amour n’est pas une histoire glamour. Pas du tout.
Une histoire d’amour, c’est tout simplement la nouvelle gageure époustouflante et hilarante de Gilles Bachelet. Car Georges et Josette, personnages ordinaires et attachants, ont une particularité rare dans les albums pour enfants : ce sont des objets. En l’occurrence, deux gants de vaisselle en caoutchouc.
Animation
Pour les animer, Bachelet leur colle une multitude de couvre-chefs. Une capsule pour Georges, un volant de badminton pour Josette inaugurent un défilé d’accessoires de mode appelés à la rescousse (mention plus pour le chapeau orné d’une plume de geai et d’un brin de groseilles). L’illusion fonctionne à plein, malgré l’absence de bouche et d’yeux des protagonistes.
La personnification est complète avec les prénoms populaires anciens des membres de la famille. On fera joyeusement connaissance avec Martine, Hippolyte, Bernadette, Jocelyne et Gérard.
Décor
Avec des objets détournés de leur usage habituel, Bachelet construit l’univers de Georges et Josette à leur échelle. Un timbre encadré se fait tableau dans le salon, une tétine illumine la pièce, un pot de petit suisse remplace avantageusement une poubelle à papier.
Et quand Bachelet ne trouve pas d’équivalence, ce n’est pas grave, il garde à l’objet sa taille d’origine et sa fonction.
Certaines planches évoquent clairement la fantaisie de Claude Ponti. Le livre se transforme en jeu d’indices et de devinettes (quelle sera la profession des enfants plus tard ?), en imagier de la vie quotidienne (ustensiles de cuisine), en documentaire sur l’art, en album de famille. Pour un dialogue nécessaire et extrêmement riche avec l’enfant d’aujourd’hui qui n’a jamais vu un dé à coudre de sa vie et qui ignore tout du presse-purée.
Quant au papier-peint inspiré de la Toile de Jouy, que dire sinon que la virtuosité du maître s’exprime à fond ? Tout comme chez Anthony Browne avant lui, le papier-peint est signifiant. Il se paie le luxe de faire un subtil rappel des autres albums de Gilles Bachelet : on retrouve l’escargot, héros du Chevalier de Ventre-à-Terre, le champignon (Champignon Bonaparte). Manque apparemment l’éléphant (Mon chat le plus bête du monde) ? Ah mais non, il est là, mais pas dans le papier-peint, il faudra chercher plus attentivement…
Arrière-plan
Le cycle de la vie et les traditions qui ponctuent les grands évènements sont superbement mis en valeur dans l’album. On y trouve également, comme toujours avec Gilles Bachelet, plein de références culturelles à la littérature enfantine et de parodies de tableaux célèbres (Magritte, Rodin, Vinci). Ce que les professionnels du livre appellent « intertextualité » et « intericonicité ». Ça fait classe.
L’appréciation de BREADCRUMB : ♥♥♥♥♥
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Activités
- Jeux interdits
- La chanson de Bénabar
- Fabriquer sa maison de poupées (diorama)
- Chercher les personnages des Coulisses du livre jeunesse , album paru à L’Atelier du poisson soluble
3 réponses
[…] Gilles Bachelet […]
Je l’ai feuilleté rapidement, il est excellent !!
[…] sa trilogie du chat et ça se poursuit superbement avec Léonard de Vinci, Magritte, Rodin dans Une histoire d’amour et Vermeer dans Résidence Beau […]