Un ours grincheux à l’extrême mais tout à fait moderne devient le papa (la maman ?) improbable de quatre bébés oies sauvages. Il s’appelle Michel et il vit en solitaire dans sa tanière tout confort équipée d’Internet. Sa seule concession aux temps anciens : il utilise un poêle comme gazinière. Car Michel est un fin cuisinier, la toque lui sied, tout comme le tablier !
Mais sa vie de consommateur averti va être bouleversée durablement : un poêle défaillant, le voilà parent ! Car les œufs qu’il s’apprêtait à faire cuire ont éclos !
Le rude métier de parent
A son grand dam, Michel se retrouve donc chef de famille. Il va devoir assurer la petite enfance, l’adolescence, l’apprentissage du vol migratoire, sans oublier de procéder à son indispensable hibernation d’ursidé. Comment va-t-il s’en sortir ?
Comportement animal
L’album, plus que réjouissant, part d’un principe de comportement animal étudié par Konrad Lorenz, biologiste et zoologiste. Celui-ci s’est intéressé dans ses expériences à des oisons venant au monde et a constaté que les poussins peuvent s’attacher, comme si c’était leur mère, au premier objet mobile qu’ils voient à leur naissance. La présentation ultérieure de leur mère véritable ne change rien : c’est bien le premier objet venu, le premier que les poussins voient à leur naissance, qui laisse son empreinte.
Univers du dessin animé
Avec Maman ours, Ryan T. Higgins met les pieds dans le plat. Son album n’est pas édulcoré et s’inspire clairement de l’univers des dessins animés type Looney Tunes. Higgins emprunte aussi aux codes de la bande dessinée. Le résultat est hilarant.
La recette de son humour ? Elle tient en trois ingrédients : la vérité profonde des situations mises en scène (oui, être parents n’est pas toujours une partie de plaisir, oui les enfants pleins d’énergie se transforment en adolescents apathiques et avachis sur canapés avant de devenir des adultes tout ce qu’il y a de plus ordinaires); le décalage entre la réalité d’une vie d’ours et d’oies dans la nature et celle de Michel amateur de produits locaux et d’œufs bio; le contraste entre l’ours renfrogné et énorme et les 4 petits oisons tout mignons.
Maman oie ours est un album en boucle. Il tient de l’album gag à portée philosophique (oui, c’est possible), certainement promis à un succès planétaire durable. D’ailleurs, Walt Disney a bien senti le filon puisqu’il détient les droits d’édition par le biais de sa branche américaine Hyperion (qui publie aussi Mo Willems).
En France, les petites éditions alsaciennes du Père Fouettard ont publié Wilfred et Rhino vole du même auteur-illustrateur.
Aux Etats-Unis, Maman ours (Bruce Mother Goose) a une suite intitulée Hotel Bruce. Espérons qu’Albin Michel la proposera dans les meilleurs délais…
More details in English
http://books.disney.com/book/mother-bruce/
Une réponse
[…] optimiste. On retrouve la patte de l’auteur dans Rhino vole chez le même éditeur et dans Maman Oie Ours chroniqué […]