Mo Willems, ancien scénariste-animateur du Muppet show, s’affirme depuis 2003 comme l’un des plus grands auteurs-illustrateurs américains.
En France, trois de ses séries sont traduites aux éditions Kaléidoscope : Le Pigeon, Guili Lapin et Chat le chat.
Régulièrement célébré dans les colonnes du New York Times, l’artiste s’est fait le chantre des bonnes manières auprès des petits en utilisant une arme douce mais néanmoins redoutable : l’humour.
Avec dans sa manche l’atout du talent assorti de deux outils efficaces : l’interpellation directe et le mélange des genres.
Mo Willem interpelle son jeune lecteur
Dans sa série du Pigeon, le personnage s’adresse directement au jeune lecteur. Qu’il lui demande une action, le prenne à témoin ou s’énerve en onomatopées pleine page, le Pigeon n’hésite pas à apostropher l’enfant avec beaucoup d’aplomb.
À la croisée des genres
Ensuite Mo mélange des genres graphiques différents : les codes de la bande dessinée s’invitent au fil des pages avec un art consommé du gag. Des photographies en noir et blanc servent de décor dans la série Guili Lapin dont les personnages sont, eux, dessinés. Les techniques mixtes et le savoir-faire de Willems en matière d’animation rendent unique son travail dans le paysage éditorial de jeunesse.
L’humour à la rescousse des bonnes manières
Enfin Mo Willems a un credo : l’humour permet d’enseigner le savoir-vivre aux enfants. Et le savoir-vivre facilite la rencontre avec l’autre. Car pour Willems, l’essentiel est dans le lien que nous tissons avec nos semblables.
Doudous câlins, dialogues humoristiques et cartoons constituent les trois ingrédients du cocktail détonnant de Mo Willems. Et ça dépote auprès des enfants comme des parents !
En développant la mauvaise foi du Pigeon qui utilise tous les registres (incrédulité, charme, supplication, colère, corruption) au lieu de faire appel aux mots magiques et aux bonnes règles de vie en société, Willems s’attire la sympathie des petits. Ces derniers se reconnaissent parfaitement dans ce jeu de rôles.
L’identification est totale, la morale implicite.
L’éloquence vaine du Pigeon, l’astuce du Petit canard, la vivacité de Trixie la petite fille au doudou, les colères homériques, l’expressivité des visages et les attitudes corporelles sont le miroir hilarant du comportement des jeunes enfants.
Guili Lapin (Knuffle Bunny), vie et mort du doudou en univers urbain
La petite Trixie vit des émotions fortes autour de son doudou Guili Lapin. Le papa a oublié le doudou au Lavomatic et Trixie ne peut pas s’exprimer avec des mots puisqu’elle est tout bébé. Le décalage des perceptions entre le père et l’enfant et l’utilisation d’une technique mixte (dessin sur photographie, bulles de BD) contribuent à faire de l’album un best-seller pour bouts de choux.
Dans le 2ème volet, Trixie est plus âgée. Elle entre en maternelle et son doudou va être la source d’un conflit, heureusement résolu. L’urbanisme ultra-présent en toile de fond célèbre Brooklyn, le quartier de New-York où habite Mo Willems.
Dans le 3ème volet (non traduit en France), l’auteur rend hommage à ses parents hollandais émigrés aux Etats-Unis. Lors d’un séjour aux Pays-Bas chez les grands-parents, et encore grandie, Trixie va bientôt se « déprendre » de son doudou.
L’invitation au jeu ‘cherche et trouve’, un rendez-vous rituel
Mo Willems, à la manière de Claude Ponti avec ses codes-barres, crée une connivence avec ses jeunes lecteurs. Il glisse subrepticement et systématiquement un personnage d’un de ses albums dans les pages d’un autre.
Par exemple, dans Guili Lapin, le Pigeon se retrouve sur le tee-shirt d’un promeneur dans un parc. Le même Pigeon s’est transformé en balançoire dans l’un des albums de la série pour les tout-petits, Chat le chat.
Un humoriste ultra-médaillé outre-Atlantique
S’il est principalement édité par Kaléidoscope, Mo Willems figure également au catalogue d’une autre maison, Le Genévrier, qui édite notamment les ouvrages primés par la médaille américaine Caldecott, récompense annuelle célébrant les meilleurs albums parus aux Etats-Unis.
Par ailleurs, il ne produit pas que des séries, plusieurs de ses albums mettent en scène des personnages non récurrents (stand alone books).
L’architecture du livre pour grands devient objet de jeu et d’apprentissage pour petits
Au Genévrier, Hourra pour Amanda & son crocodile est très intéressant pour une approche du livre avec les enfants débutant en lecture.
Découpé en chapitres (avec une vraie table des matières), l’album brosse le portrait d’une petite fille amatrice de livres de bibliothèque et dont la peluche préférée, Crocodile, lui demande beaucoup d’attention. Doté d’une vie propre, Crocodile aime les surprises…
Dans la série Guili Lapin, il y a carrément un épilogue.
Dans We are in a book (Elephant and Piggie), le petit cochon protagoniste montre en image à son copain éléphant la fin du livre qui se situe page 57.
Certains titres de cette série ont paru aux éditions Tourbillon mais sont épuisés. On les trouve en anglais américain aux éditions Hyperion Books for children.
Activités
- explore les liens sur l’article Mo Willems, « héraut » des petits
- de nombreux bonus figurent sur le site américain pigeonpresents.com
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En savoir plus
Le tout premier album de Mo Willems, Don’t let the Pigeon drive the bus !, date de 2003. Il est paru en 2006 aux éditions Kaléidoscope sous le titre Ne laissez pas le pigeon conduire le bus !
Le préféré de Petit cobaye :
Mon préféré : L’heure du pipi
Un des coups de cœur de La joie par les livres : Ce n’est pas une bonne idée !
3 réponses
[…] Mo Willems sait à merveille et avec beaucoup d’humour se faire le porte-parole des petits de maternelle. Si ses livres touchent souvent les plus petits, les fiches d’activités intéressent particulièrement les enfants de 4 et 5 ans. […]
[…] trouve de belles photographies de Brooklyn dans Guili Lapin de Mo Willems. New York est aussi une étape des trois cochons dans les Bacon Brothers chez ABC Melody. Et […]
[…] Maman oie ours est un album en boucle. Il tient de l’album gag à portée philosophique (oui, c’est possible), certainement promis à un succès planétaire durable. D’ailleurs, Walt Disney a bien senti le filon puisqu’il détient les droits d’édition par le biais de sa branche américaine Hyperion (qui publie aussi Mo Willems). […]