Ancien homme de publicité, André Bouchard est tout d’abord un dessinateur de presse. C’est un savoir-faire qu’il utilise à grand renfort de hachures dans son travail éditorial pour les enfants.
Un homme de dérision
Sa recette d’auteur-illustrateur est très au point : cruel et satirique pour les adultes, il se montre souvent (mais pas toujours) indulgent avec les enfants.
C’est simple, son sens de l’absurde et de la dérision évoque d’autres grands messieurs tels que Roald Dahl, Pierre Gripari et Tomi Ungerer. Tous ont exploité ces ressorts avec le talent qu’on leur connaît.
Le conte avant tout
Les personnages d’André Bouchard évoluent dans l’imaginaire des contes mais en version Paris XXIe siècle.
Dans le monde de Bouchard, les fées prennent le métro; les héros affrontent les "Parigosentaus" place de l'Etoile; les rois poussent des chariots dans les supermarchés.
Le pied de la lettre
L’une des marottes de Bouchard consiste à représenter des expressions au pied de la lettre : c’est d’ailleurs le principe de La tête ailleurs, où le personnage principal se promène sans tête. Pour une fois, Bouchard s’est contenté d’écrire l’histoire tout en faisant appel à un très, très grand illustrateur, Sir Quentin Blake, excusez du peu !
Bon allez, trêve de blabla, Breadcrumb vous propose son florilège (c’est plus joli que best of non ?) :
2 ou 3 enfants bien dodus pour 9 personnes
Un ogre ne trouve pratiquement plus que des chasseurs à rapporter à sa famille (7 ogresses + la maman) car les enfants ne se promènent plus dans les bois de nos jours. Les 7 petites ogresses en ont assez de manger toujours la même chose. On les écoute s’exprimer :
– Des chasseurs, toujours des chasseurs, c’est pas bon !
– C’est plein de poils qui restent coincés entre les dents !
– C’est plein de gras aussi !
– Les pieds ont une odeur de camembert, et j’aime pas le camembert !
En bon père de famille, l’ogre se met en route vers le village pour aller chasser des enfants. Chemin faisant, il rencontre un loup et une grand-mère qui deviennent ses acolytes pour réaliser son funeste projet…
Comme avec Roald Dahl, la morale est sauve pour les enfants. Pour les adultes tournés en dérision, c’est une tout autre paire de manche. En bonus, l’auteur ajoute 2 recettes appétissantes pour 9 personnes : celle du chasseur-chasseur et celle du sauté chasseur. En un mot : un RÉGAL.
Chez Circonflexe, 2006 (malheureusement épuisé à ce jour, donc direction =>les bibliothèques)
Dans L’abominable sac à mains, une fillette voit bien qu’il y a une relation quasi affective entre sa maman et son sac avaleur de clés.
Or le sac à main a des allures d’ogre et semble animé d’une vie propre. On dirait qu’il a grand plaisir à jouer de sales tours. Il est goulu, féroce, sournois.
La fillette va essayer de le dompter, de le comprendre, de l’apprivoiser avant de choisir de s’en débarrasser pour sauver son petit frère. Sise dans un appartement bourgeois parisien, l’histoire suggère que la vie devient ennuyeuse sans une petite dose de frissons.
Comme dans plusieurs de ses livres, Bouchard s’amuse avec ses jeunes lecteurs. L’une des doubles pages est un inventaire à la Prévert du contenu du sac. L’enfant participe à un cherche et trouve des plus réjouissants.
Dans Ernest, maître du monde, Bouchard pousse encore plus loin le bouchon : il interpelle directement le lecteur pour le prévenir du danger que représente son personnage principal, le microbe Ernest, certes minuscule mais redoutable.
Le saviez-vous ?
Voutch, Sempé, Bouchard ont un point commun : la presse et le livre pour enfants.
Bouchard défend la cause des animaux.
Aller plus loin
- article du blog canadien les p’tits mots dits consacré à Y a un louuuuuhouu
- http://www.seuiljeunesse.com/auteur/andre-bouchard/770
Merci à Elisabeth Loez, enseignante passionnée d’albums pour enfants. Elle a bien voulu jouer le rôle de « bibliothécaire éclairée ». C’est grâce à elle que je suis tombée raide dingue d’ André Bouchard…
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