Lorsque j’ai entrepris de mettre en avant l’image dans la littérature de jeunesse dans Breadcrumb, je n’avais pas imaginé qu’il conviendrait également de tenir un registre des décès.
Après tout, Breadcrumb n’a pas vocation à concurrencer les autorités du secteur telles que Livres Hebdo ou La revue des Livres pour enfants ou encore Nous voulons lire (NVL). Sans parler de Citrouille, l’excellente revue des libraires spécialisés jeunesse Sorcières. Et d’InterCDI dans l’enseignement secondaire.
Seulement, en quelque 7 ans, des figures majeures nous ont laissés seuls et abandonnés sur notre petite planète malmenée. Et parfois, on s’aperçoit qu’au fil du temps, les figures marquantes sont oubliées des générations présentes.
Déjà, quand Claire Brétécher est partie, j’avais fait une recherche dans le fonds de la bibliothèque de Saint-Cyr en région parisienne (18 000 habitants) et m’étais rendu compte qu’il n’y avait aucun titre de cette grande dame. Oups.
Aussi, à l’annonce de la disparition de Quino, le dessinateur de presse créateur de Mafalda, j’ai eu un doute.
Mais non, la petite héroïne figure bien au catalogue. Ouf !
Qui est Mafalda ?
Brunette en robe à col Claudine, chaussures noires et nœud dans les cheveux, Mafalda est une petite fille très mature pour son âge : alors qu’elle est écolière, elle se préoccupe déjà de la marche politique du monde. Les droits des femmes dans son milieu argentin de la classe moyenne des années 60 et 70 la préoccupent également particulièrement.
Mafalda la ronchonneuse, (« protestona y cascarrabias » selon les termes de Quino), est en décalage d’âge avec ses propos. En véritable héroïne, elle défie la politique et la censure qui régnaient alors en Argentine. Véritable icône de la liberté d’expression, elle conserve néanmoins les traits typiques d’une fillette de cinq ans détestant la soupe et sensible à la beauté de son petit monde.
Comme Goscinny, Quino pratique l’humour cultivé de celui qui rit pour ne pas pleurer. Dessinateur de presse, il avait inventé Mafalda à l’origine pour une publicité. Celle-ci ne s’est pas concrétisée. Heureusement pour nous !
Une grande famille
Mafalda présente un lien de parenté spirituelle avec Calvin et Hobbes et L’Arabe du futur : en effet, elle est le témoin artistique d’un lieu et d’une époque pour un lectorat d’enfants et d’adultes. Mafalda est en outre l’une des sources d’inspiration revendiquée par les auteurs du personnage de Pico Bogue.
Ses petits potes Susanita, Felipe, Manolito, Miguelito et la minuscule Libertad évoquent aussi les Peanuts. Ils sont nés un par un au cours des onze années de travail car l’inspiration pour le scénario des strips basés sur la séquence questions, réponses, commentaires s’amenuisait peu à peu. Quino a alors introduit par à-coups le petit frère, puis les copains de Mafalda.
Une icône
Avant Maradona, la Mafalda de Quino a incarné l’espoir de son pays brimé par la dictature militaire de 1976 à 1983. Et comme toute icône, elle a sa statue ! Une à Buenos Aires dans son pays et l’autre à Oviedo en Espagne.
Vaya con Dios Quino !
Merci de nous avoir offert ton inoubliable Mafalda.
Le saviez-vous ?
Quel est le point commun entre La servante écarlate et Mafalda ?
Elles ont toutes les deux été utilisées comme symbole de manifestations féministes.
Attention à ne pas confondre Mafalda avec un autre personnage de BD (Zoé, Nancy en anglais)
Hommages
Des articles de presse bien travaillés
Références
Mafalda fue uno de los estandartes de la manifestación feminista de 2018 en España, pero también pasó a ser parte de la identificación de un equipo de fútbol uruguayo.
https://m.las2orillas.co/mafalda-la-nina-igualitaria
Délibération du conseil d’Oviedo : 12000 € pour la statue
JUNTA DE GOBIERNO
Sesión Nº 43/2014, de 18 de septiembre (ordinaria)
Fuera del Orden del Día:
1.- Aprobar modificación del Plan de Inversiones 2014, por importe de 12.000 €, al objeto de dotar el crédito
necesario para la adquisición de una escultura de Mafalda. (Financia nº 209/2014).
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