Certains albums sont des parcours de jeux fantastiques en eux-mêmes. Les plus grands illustrateurs multiplient les clins d’œil intelligents et ludiques. L’alliance entre le texte et l’image repose sur la sagacité du jeune lecteur.
Philippe Corentin dans L’Ogre, le loup, la petite fille et le gâteau revisite l’énigme très célèbre du loup, de la chèvre et du chou. Un passeur sur son bateau doit faire traverser la rivière à un loup, une chèvre et un chou, mais il ne peut transporter qu’un passager à la fois sous peine de chavirer. Il va falloir faire plus d’un voyage. Oui mais voilà, comment empêcher le loup de manger la chèvre pendant que le fermier va chercher le chou sur l’autre rive ? Evidemment, avec Corentin, le chou devient pâte à chou et crème pâtissière, la chèvre est une petite fille espiègle, le loup est un ogre. Dans Plouf, il s’agit de sortir d’un puits et là aussi, la machine à méninges doit se mettre en branle…
Avec La Chaise, Claude Boujon nous invite à imaginer ce que nous pourrions faire d’une chaise pour tout autre chose que de s’asseoir. Cet album hilarant place l’adulte sur un plan d’égalité avec l’enfant. La règle du jeu est simple : ne pas s’asseoir ! Mais place à l’imaginaire !
Quentin Blake lui préfère jouer à cache-cache dans Les Cacatoès.
Dans Le Livre le plus génial que j’ai jamais lu, Christian Voltz dialogue avec un petit personnage grognon et crée en direct l’histoire d’une petite fille pirate amatrice de bagarres et de saucisson. Pour cette véritable partie de ping-pong créatif, Voltz utilise comme à son accoutumée des petits objets de bricolage qu’il colle pour créer ses illustrations. Avec cet album qui se compose au fil des pages, les enfants comprendront enfin les mots illustrateurs, titre, page, texte. Humour et tendresse en prime.
Anthony Browne pour sa part aime à semer des indices dans le décor. Motifs de papiers peints changeants qui se renouvellent au gré des surprises dans Toc, toc , Qui est là ?, personnages de contes dans les jardins publics, singes anthropomorphes ou non, semis de bananes à gogo, Browne étudie inlassablement l’imbrication force et fragilité. On peut s’amuser avec les enfants à rechercher les bananes dans ses œuvres, il est rare de ne pas en trouver.
Chris Van Allsburg manie la devinette avec Deux fourmis et nous a concocté un superbe calendrier de l’Avent en ligne autour de son album Boreal Express.
Belge d’origine portugaise et publié par L’Ecole des loisirs, Mario Ramos, grand créateur pour les petits, nous offre dans Maman un jeu de chiffres. Ramos aimait traiter de problèmes de société par le biais de l’humour. Au cœur de son œuvre, la différence, le pouvoir et son abus à hauteur d’yeux de bambins.
Mais le plus grand maître du jeu est probablement Claude Ponti. L’Album d’Adèle est le premier album qu’il ait réalisé pour la naissance de sa fille prénommée Adèle. L’Album d’Adèle comporte un imagier fantaisiste qui se prête pontifiquement au jeu. J’ai d’ailleurs choisi cet album pour fabriquer un jeu de dominos. Claude Ponti exploite jusqu’au code à barres de ses livres pour livrer cours à son imagination débridée, tant verbale que graphique. Jamais pontifiant, toujours fantasque, le créateur du célèbre poussin masqué est un must absolu.
Sans oublier Benjamin Chaud, l’illustrateur de Pomelo, qui croque à merveille un Petit ours fugueur aux éditions Hélium.
La plupart de ces titres sont publiés par l’Ecole des loisirs et Gallimard jeunesse.
2 réponses
[…] Claude Ponti […]
[…] et au crayon de couleur offre de nombreux motifs et détails à découvrir. On pense à Anthony Browne dont les illustrations savent si bien mettre en valeur […]