Souleymane Mbodj est un mélange de conteur ancien et d’homme moderne, de musicien et de magicien. Il s’empare de l’essence des contes universels pour les malaxer, les triturer, les enrober et les transposer en Afrique. Et c’est bien là tout l’art et le talent qu’on attend d’un conteur.
Il puise à la tradition orale africaine mais n’hésite pas à reprendre certains textes européens à sa façon (clin d’œil à la chèvre de Monsieur Seguin dans Bey la chèvre et ses trois vérités) ou indiens (le tigre, le chacal et le brahmane du Père Castor se métamorphosent en hyène, éléphant et jeune buffle).
Il en invente aussi en insérant des détails contemporains délicieusement incongrus : ainsi la voiture ou le franc CFA font-ils leur apparition au détour d’un conte quasiment étiologique (Pourquoi les chiens courent-ils après les voitures ?)
Le rythme, le léger accent du conteur, le plaisir des yeux assurés par les nouvelles illustrations de Roland Garrigue pour cet album plusieurs fois réédité, tout, absolument tout, concourt à rendre savoureux ces 10 contes à lire, écouter, méditer.
A méditer car Souleymane Mbodjj, à l’instar des fabulistes, nous enseigne des règles de vie primordiales : il ne faut pas faire aux autres ce que l’on ne voudrait pas que l’on nous fasse (L’Araignée et la Pintade); lorsqu’on tombe dans un panier de crabes, ça finit mal en général (Les animaux qui voulaient vivre ensemble). Et la cruauté, la ruse, la folie, la méchanceté peuvent parfois être déjouées par l’intelligence et la perspicacité.
Et gardons-nous bien d’accorder notre confiance à la hyène car :
La promesse est une couverture bien épaisse, mais celui qui s’en couvre grelottera jusqu’aux grands froids.
♥♥♥♥♥
Activité
Découvrir le jeu typiquement africain de l’awalé
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