Viens Poupoule, viens Poupoule, viens…

McDo, Poulehouse et P’tites Poules : au royaume de la communication visuelle, du marketing et du packager, comment reconnaître les bons albums pour enfants ? Un petit billet d’humeur pour répondre à la question.

2021, La petite poule dans la maison

Un matin, en faisant mes courses, j’ai eu un fou rire dans les travées du supermarché. Et je vous prie de croire que ça n’arrive pas tous les jours. Voici l’explication : je tombe sur une boîte d’œufs qui exhibe fièrement son nom et sa devise : Poulehouse, L’œuf qui ne tue pas la poule.

Pour ceux qui ne comprendraient pas tout à fait le contexte sémantique avec le jeu de mot frenglish poulehouse, une précision s’impose: le mot poolhouse signifie abri maçonné de machinerie pour piscine, le summum du luxe dans le sud de la France. D’où l’idée dans mon esprit d’un poulailler de luxe.

Poulehouse vise un public plutôt cultivé et aisé. La société a choisi de promouvoir le bien-être animal, jusqu’à sa mort naturelle, ce qui est fort louable. On pense au conte Les Musiciens de Brême. En revanche, les œufs sont vendus à prix d’or. Mais, comme dit l’adage, quand on aime, on ne compte pas. Soit.

Curieuse de voir la manière dont Poulehouse communique autour de ce concept, je me rends sur leur page Facebook. C’est vrai qu’ils ont bien réussi leur approche du consommateur : des blagues, des Le saviez-vous ? à foison, des infographies scientifiques sur l’œuf et ses qualités, des vidéos cocooning.

C’est sérieux tout en respirant l’esprit bon enfant et la joie de vivre. Tout est fait pour inspirer la sympathie, y compris le trombinoscope, diversifié en âge, couleur de peau et sexe. Un sans faute.

Bon, après, ils font leur travail de communicants : filtrage pour ne laisser que des commentaires positifs ou encore non réponse quand les questions ne les arrangent pas. Opportunisme aussi : récupérer la fête de la Lecture publique initiée par le Ministère de la Culture et mettre en avant le dernier album des P’tites Poules, sous forme de partenariat probablement. Bon, re-soit. Les occasions de présenter un livre jeunesse ne sont pas si fréquentes dans le secteur marchand qu’on puisse faire la fine bouche. Et Les P’tites Poules le valent bien 😉

D’ailleurs, les bibliothécaires et documentalistes pourraient presque s’inspirer du site web Poulehouse comme prétexte à une introduction à la recherche booléenne : la requête (poulette ET bio ET « sans OGM ») donne-t-elle plus de réponses que la requête (poulette OU bio OU « sans OGM »)?*

2022, Les albums du menu McChicken

Là où je ne ris pas du tout en revanche, c’est que le marketing s’attaque aussi avec virulence à l’album jeunesse. Pour résumer, tout est dans l’emballage, rien dans le contenu.

Ainsi, le livre marketing Mcdo est du storytelling, il n’y a pas de sens, il y a juste de la vente, du vent, du rien. Et ce n’est pas parce qu’on fait appel à des auteurs illustrateurs reconnus que ça change la donne. Pire encore, le Centre National du Livre y appose son slogan « CNL : Tous les livres se dévorent ».

Eh bien, non, justement, tous les livres ne se dévorent pas. Et nous avons la chance que des organismes culturels tels que Ricochet jeune, le CNLJ ou Les Bibliothèques pour tous opèrent un travail de critique et d’analyse, sans parler des comités de lecture de bibliothécaires.

Pour en revenir aux P’tites Poules

Je vous laisse avec du grain à moudre :

Les cocottes ont les chocottes, 20e opus des P’tites poules, a reçu une belle appréciation du CNLJ.

• 20 ans et toujours aucune dent Les 20 ans des P’tites Poules La numothèque de Grenoble, bibliothèque numérique de Grenoble
• Success Story Les p’tites poules 
• Tout est gratos

Eléments clés pour choisir et utiliser un livre d’images (en anglais)

Le CLPE propose en anglais une méthode de sélection d’albums pertinente.

Les petites notes de bas de page

• Dans l’édition, il existe un métier qu’on appelle packager éditorial (sous-traitant pour éditeur)
• La requête avec les opérateurs booléens OU (poulette OU bio OU « sans OGM ») donne plus de réponses.[Cela dit, c’est juste un exemple puisqu’on me dit qu’un produit biologique, c’est sans organismes génétiquement modifiés.]